Pierre-Edouard Robine, cueilleur hip-hop

Ce trentenaire a quitté la vie politique parisienne pour s’adonner à la cueillette de plantes sauvages et à la production de pet’ nat. Rencontre du troisième type.

On retrouve Pierre-Edouard Robine à la gare d’Argentan. De la petite ville normande, il nous conduit jusqu’à La Courbe, le village de Suisse Normande dans lequel est installée la ferme familiale. Sur les dizaines d’hectares appartenant à sa famille, Pierre-Edouard Robine traque chaque semaine plantes et fleurs sauvages. Ce jour de novembre, malgré les premiers frimas, la nature est encore généreuse. “Attention où tu mets les pieds !”, s’exclame le cueilleur. Sous nos pieds, un parterre de plantes comestibles, plantain lancéolé, achillée millefeuille… on ne sait plus où donner de la tête. Le plus difficile confie Pierre-Edouard, c’est de trouver le “bon spot”. Il ne reste plus ensuite qu’à s’armer de patience et venir cueillir minutieusement tous ces trésors. On poursuit la cueillette au bord de l’Orne, Pierre-Edouard nous fait goûter de la menthe d’eau. Les feuilles vertes laissent un “effet kiss cool” dans la bouche.

Depuis un an, Pierre-Edouard Robine fait le déplacement deux fois par semaine à Paris pour vendre le fruit de ses cueillettes à des chefs parisiens : Guillaume Sanchez (Neso), Bruno Verjus (Table), Yoshitaka Takayanagi (La Scène Thélème)…

A 37 ans, l’homme n’était pourtant pas destiné à une carrière de cueilleur. Après une enfance dans une ferme bio, ce fan d’ornithologie passe un BTS Gestion et Protection de la Nature avant d’effectuer un virage à gauche toute et d’embrasser une carrière politique. En 2012, il entre en poste au cabinet de l’adjointe au maire à l’environnement. Quatre ans plus tard, il quitte son poste du jour au lendemain et repart vivre en Normandie. C’est son ami Jean-Baptiste Anfosso, véritable orfèvre du végétal, qui le sensibilise à la cueillette. Sa première fois, c’était en février 2017.

Et en hiver, lorsque la nature est au repos, il s’adonne à son autre passion : la production de pétillant naturel de poire et de cidre. Il y a deux ans, il restaure le vieux pressoir familial et met en bouteille sa première micro cuvée baptisée “San” en hommage à l’artiste Orelsan. C’est avec ce morceau que débute le dernier album du rappeur. Pour le millésime 2018, la cuvée San a été renouvelée et trois nouvelles ont été réalisées. Parce qu’il est fan de hip-hop depuis ses 17 ans, chaque cuvée de pet’ nat portera le nom d’une chanson qu’il a aimée.

 

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