Homme de goût – 180°C #5
Hervé Bourdon, fils de pub
Hervé Bourdon aurait pu, le jour de la signature de l’acte d’achat du petit hôtel du Grand Large, chuchoter : “ne dites pas à ma mère que je suis cuisinier à Quiberon, elle me croit directeur de création dans une agence de publicité Parisienne”, parodiant ainsi Jacques Séguéla, le publicitaire à la rolex qui a réussi sa vie, qui éditait Ne dites pas à ma mère que je suis dans la publicité, elle me croit pianiste dans un bordel vingt-six ans plus tôt.
Texte : Philippe TOINARD
Photographies : Éric FÉNOT
Assis sur le muret, dos à la mer, Hervé Bourdon, jean délavé, tee-shirt et Converse® aux pieds passe sa main gauche sous son menton dans sa barbe mal taillée et murmure : « Fallait quand même une bonne dose d’inconscience pour venir reprendre cet hôtel-restaurant construit en 1954. Une institution locale qui tombe entre les mains d’un Parisien du 9-3, et qui en plus décroche une étoile Michelin en 2011… Non, vraiment, fallait être inconscient.» Il se souvient de ce premier service, quatre clients, les plombs qui sautent pendant le déjeuner, un bar au beurre gris servi au siphon avec des œufs de hareng, une pintade au chou et un gâteau aux pommes composaient le menu. Quatre couverts au déjeuner, 15 au dîner. Complètement dans le jus et terrorisé par l’enjeu. Et le lendemain, 44 réservations. Ça promettait pour la suite.
Seulement, Hervé n’est pas homme à se laisser abattre. Ce challenge, il l’a voulu après une carrière de publicitaire bien remplie. Tout commence en 1987. Il a 20 ans et débute sa carrière dans le groupe Havas avec un salaire de 5 000 francs. Puis il enchaîne dans ce qui se fait de mieux à l’époque, les agences Opéra, Callegari Berville, DMB&B, D’Arcy et enfin Leo Burnett, avec le poste le plus envié de la profession : directeur de la création. Une belle maison en banlieue, des souliers vernis et chics aux pieds, de l’argent sur le compte en banque, des campagnes de pub remarquées pour Mars®, Twix®, La Vache qui rit… Tout va bien dans le meilleur des mondes. Pourquoi changer ?
Retrouvez l‘intégralité de l’article dans la revue 180°C n°5, p58
Le Petit Hôtel du Grand Large
1, quai Saint-Ivy, 56510 Saint-Pierre-Quiberon / Tél. : 02 97 30 91 61 /
www.lepetithoteldugrandlarge.fr