Veiller au grain :
Les étiquettes prennent de la bouteille

Veiller au grain : <br/>Les étiquettes prennent de la bouteille
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Mieux informer les consommateurs sur la valeur énergétique et sur la liste des ingrédients contenus dans les vins, tel est le souhait de Bruxelles à l’horizon 2025 dans le cadre de la nouvelle Politique Agricole Commune (2023 – 2027). De nouvelles mentions pourraient ainsi apparaître sur les étiquettes des bouteilles de vins déjà bien chargées et les consommateurs devront posséder un smartphone pour pouvoir scanner le futur QR Code.

Comme le soulignait en décembre 2017, à l’Assemblée Nationale, le député Christophe Blanchet dans une question adressée au ministre de l’agriculture et de l’alimentation : « alors même que les réglementations en vigueur en France et au sein de l’Union européenne exigent que les étiquettes figurant sur les denrées alimentaires pré-conditionnées fassent état de plusieurs mentions visant à l’information du consommateur (…), un produit (le vin – NDLR) demeure le grand oublié de cette réglementation. » Effectivement, comme l’indique le règlement INCO (Information du consommateur), des dérogations à la règle générale d’étiquetage existent notamment pour les boissons titrant plus de 1,2 % d’alcool en volume pour lesquelles la liste des ingrédients n’est pas obligatoire.

Les mentions déjà en vigueur. Il est précisé sur les étiquettes des bouteilles de vin, des mentions obligatoires et des mentions facultatives réglementées. Dans la première catégorie, la dénomination de vente (vin, vin mousseux, vin pétillant…), le titre alcoométrique (ex : 11,5 % vol.), la provenance, le volume nominal (ex : 750 ml), le nom de l’embouteilleur, le numéro de lot, les allergènes dès lors qu’ils sont détectables (sulfites, œufs et produits à base d’œufs, lait et produits à base de laits), la teneur en sucre (obligatoire pour les vins mousseux) et le message sanitaire destiné aux femmes enceintes. Dans la seconde catégorie, le millésime, le(s) cépage(s), des mentions relatives à certaines méthodes de production et le nom de l’exploitation agricole. S’ajoutent enfin, des mentions facultatives non réglementées comme la couleur du vin, les distinctions ou les médailles et des mentions relatives au mode de production comme « vendanges manuelles ».

Ce qui pourrait apparaître. Dans son rapport d’octobre 2018, le député européen Éric Andrieu émettait de nouvelles propositions sur l’étiquetage nutritionnel et des ingrédients rendant notamment obligatoire la mention des calories sur les étiquettes des bouteilles de vin à travers un symbole unique pour tous les pays européens. À cette première proposition, il ajoutait celle d’indiquer les additifs et auxiliaires sur les étiquettes ou de façon dématérialisée. Nous étions alors en 2018 et l’affaire n’avait pas fait grand bruit car elle visait à n’être mise en place que pour la prochaine Politique Agricole Commune (2023 – 2027).

Les choses se précisent. Si tout n’est pas encore totalement défini du côté de Bruxelles, force est de constater que le rapport du député Éric Andrieu a fait son chemin. Ainsi, il paraît certain que la valeur énergétique (le niveau calorique) sera indiquée sur les étiquettes à travers un symbole qui reste à définir. Quant à la déclaration nutritionnelle, elle devrait être fournie par voie électronique au même titre que la liste des ingrédients accessible par un QR code et non sur l’étiquette pour une raison simple, à chaque millésime son degré d’alcool et donc son niveau calorique et sa liste d’ingrédients.
À date, les réactions dans le monde du vin se font rares malgré l’imminence de la mise en place qui semble se dessiner pour la récolte 2024. Gageons que les débats vont être longs notamment sur cette fameuse liste d’ingrédients et sur le coût à supporter pour imprimer de nouvelles étiquettes et développer des outils liés au QR Code pour lesquels de nombreux vignerons ne sont pas prêts.

Philippe Toinard – Rédacteur en chef de la revue 180°C

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