Laurent Barth, vigneron à haute densité

Laurent Barth, vigneron à haute densité

Installé dans « son » Alsace sur un humble domaine de quatre hectares, Laurent Barth, producteur discret, s’applique à faire résonner ses différents terroirs en bouteille, grâce à une viticulture très rigoureuse. Et ça marche !

Laurent Barth, vigneron à haute densité

De Bennwihr à Bennwihr en passant par le Liban, l’Afrique du Sud, la Californie, l’Inde et l’Australie… Sorti de son BTS viti-oeno puis de son Diplôme National d’œnologue (DNO) à Dijon, Laurent Barth a pris le chemin des écoliers avant de finalement regagner son bercail alsacien. Cet itinéraire bis l’a mené aux quatre coins de la planète vin pour des sessions de vinification de trois à cinq mois à chaque fois.

En 1999, retour à la maison et sur l’exploitation familiale où l’on livrait les raisins à la coopérative locale. Durant cinq ans, Laurent continue sur ce mode, tout en s’appropriant petit à petit ses terroirs et en convertissant progressivement son vignoble à la culture bio.
En 2004, il crée le domaine Laurent Barth à partir de la propriété de famille, le restructure en cédant des parcelles de plaine pour leur préférer des vignes de coteaux et, surtout, garde ses raisins pour les vinifier et mettre en bouteilles ses propres vins. Aujourd’hui, il s’échine sur quatre hectares morcelés en plus d’une vingtaine de parcelles et des terroirs au nuancier complexe avec, pour quelques-unes de ses grandes lignes, des sols argilo-calcaires sur le Grand cru Marckrain ou granit pur sur le Grand cru Schlossberg, par exemple. L’encépagement ? Pinot auxerrois, riesling, gewurztraminer et, en de plus faibles superficies, pinot noir, pinot gris et muscat.

Dans les vignes enherbées un rang sur deux, le but de Laurent Barth, comme de tous les bios purs et durs, demeure bien sûr de préserver l’équilibre du sol. A part ça ? L’un de ses parti-pris consiste en des plantations à haute densité : « en Alsace, la réglementation impose au moins 4000 pieds à l’hectare. Aujourd’hui, je replante des parcelles à 10000 voire 11000 pieds/hectare, et je préserve aussi quelques vieilles parcelles plantées à 6500 ou 7000 pieds/hectare. L’idée des hautes densités est d’installer plus de concurrence entre les souches. Les racines plongent donc en profondeur, ce qui les rend moins sensibles aux aléas climatiques. De même, je trouve qu’à rendement/hectare égal, les hautes densités – donc davantage de souches qui portent chacune moins de grappes – permettent d’obtenir des maturités phénoliques plus abouties et plus homogènes. J’ai l’impression aussi, à une époque où l’on est confronté à des montées en sucre importantes, d’atteindre des maturités phénoliques intéressantes avant que la maturité alcoolique ne dépasse le raisonnable et que les degrés potentiels ne grimpent. Mais il faut aussi faire attention à ce que la concurrence ne soit pas trop rude pour la plante, notamment avec l’herbe ».

En 2018, Laurent Barth a commencé à ramasser ses raisins dès le 23 août… Du jamais vu !

Sa philosophie ? Vendanger manuellement des raisins mûrs mais jamais en surmaturité, pour préserver équilibre et fraîcheur dans les vins. Ne surtout pas mettre en bouteilles des bêtes à concours bodybuildées mais des cuvées empreintes de pureté. Fermentation sous levures indigènes, pas d’autre intrant que des doses très parcimonieuses de sulfites, les « vinifs » accompagnent cette ambition sans brusquer ni les jus ni le vin. Pressurage lent et doux, débourbage puis transfert dans des foudres en bois ancien, élevage assez long sur grosses lies, voilà pour les blancs. Pour les rouges, macération avec une partie de raisins entiers. Selon les millésimes, Laurent Barth sort entre dix et quatorze cuvées : certaines très axées sur l’expression du cépage quand les sols ne sont pas très bavards, d’autres, notamment sur les lieux-dits et les grands crus, inscrites dans une dimension de terroir plus marquée. A goûter par exemple parmi les couples cépages-terroir les plus intéressants selon Laurent, le pinot noir M sur le Grand cru Marckrain ou la cuvée Granit, issue de vignes de riesling enracinées sur le Grand cru Schlossberg… Déjà très bons et encore plus prometteurs vu l’énergie déployée par ce vigneron dont les vins gagnent vraiment à être connus (bus).

Laurent Barth, vigneron à haute densité

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