Les héros de l’Hérault : Sébastien Galtier du Mas des Colibris,
la quête du vibrant

Mas des colibris
© 180°C - Photographie Vincent Baldensperger

Ex-rugbyman pro, il s’est inventé un destin de vigneron après sa carrière sportive. Pas « histoire de » mais avec beaucoup de sérieux et de convictions, à l’image de son engagement en biodynamie sur sa propriété baptisée le Mas des Colibris.

Rodez, Castres, Rumilly et enfin Montpellier… Comment expliquer ce drôle de parcours ? Quel est le lien entre ces quatre villes ? Seuls les fanas de ballon ovale peuvent le tisser et vite deviner que Sébastien Galtier a vécu une belle carrière de rugbyman professionnel dans une autre vie. Après sept ans de bons et loyaux services – de 2001 à 2008 – au « cul » de la mêlée du Montpellier Hérault Rugby Club, l’ancien troisième-ligne a donc fini sa carrière dans la capitale de l’Hérault. Sa formation d’ingénieur en agriculture le conduit ensuite à être embauché par le conseil général du département. Le contact avec le milieu agricole le séduit.

Mas des colibris
© 180°C – Photographie Vincent Baldensperger

La terre, il connaît, lui le fils d’éleveurs de brebis aveyronnais. Le vin, il aime bien, s’y intéresse de plus en plus via la rencontre de nombreux vignerons de la région. Le milieu viticole l’attire, le métier aussi et cette idée de maîtriser tout le processus de production et au-delà : cultiver la vigne et ses fruits, en faire du vin et vendre les bouteilles. Le « truc » germe petit à petit.
En 2013, c’est « le passage à l’acte ». Même pas peur, il apprendra sur le tas ! A Gignac, à 25 kilomètres à l’ouest-nord-ouest de Montpellier, Sébastien Galtier rachète donc les vignes d’un viticulteur rattrapé par l’âge de la retraite : 18 hectares de terres dont 12 hectares de vignes en un seul îlot, le reste entre oliviers, garrigue et bois, le tout dans un environnement assez sauvage et préservé. Il avait beau vendre ses raisins qui finissaient noyés dans les volumes immenses de la coopérative, l’ancien propriétaire travaillait ses vignes en bio depuis la fin des années 90. Une aubaine pour Sébastien qui ne se voyait pas s’inscrire dans une autre voie que celle-là : « j’ai bénéficié de son travail. En m’installant, je voulais de toutes façons être en bio, et les vignes l’étaient déjà depuis quinze ans ». Un gain de temps précieux quand certains bios vignerons reprennent des parcelles qu’il faut ressusciter après des années et des années de chimie brutale, de désherbage sauvage.

Mas des colibris
Travailler dans le respect de la nature et de l’environnement, favoriser la biodiversité. Sébastien installe sur le domaine des nichoirs à chauve-souris, limite le labour au strict minimum pour ne pas déstructurer les sols et vendanger les raisins les plus qualitatifs possibles – © 180°C – Photographie Vincent Baldensperger

L’encépagement ? Syrah, grenache, carignan et un peu de merlot pour les rouges et rosés, chardonnay pour les blancs. Des vignes de 10 à 75 ans plantées sur des sols argilo-calcaires très caillouteux et pauvres pour les rouges classés en Appellation d’Origine Protégée (AOP) Grès de Montpellier, un peu plus argileux pour les rosés et les blancs revendiqués en Indication Géographique Protégée (IGP) Saint-Guilhem-le-Désert. Bien à l’aise dans ses pratiques bios, Sébastien n’a pas attendu des lustres pour pousser le bouchon plus loin et franchir le palier de la biodynamie et de la certification Demeter obtenue sur le millésime 2020, après la période normale de conversion et des formations avec Pierre Masson. Ses motivations pour s’engager sur le chemin de la biodynamie ? « Travailler dans le respect de la nature et de l’environnement, favoriser la biodiversité – il a notamment installé sur le domaine des nichoirs à chauve-souris -, limiter le labour au strict minimum pour ne pas déstructurer les sols, le tout pour vendanger les raisins les plus qualitatifs possibles ». Ne pas être dans une recette mais :

tenir compte de notre ressenti, beaucoup observer, renouer avec le bon sens paysan.

Mas des colibris
© 180°C – Photographie Vincent Baldensperger

Un autre de ses moteurs pour s’inscrire en biodynamie ? « Le cahier des charges très light du bio en vinification », entendez par là très et trop permissif. Lui essaie d’œuvrer le plus naturellement possible, en levures indigènes, sans produits œnologiques, avec pour seul intrant des sulfites à dose homéopathique. Il les a même totalement bannis sur l’un de ses derniers vins vinifiée sans sulfites. Comme beaucoup de vignerons de ce sud de plus en plus écrasé de chaleur et en proie au réchauffement climatique, son combat essentiel réside dans la volonté de garder de la fraîcheur dans les vins, tout en respectant leur caractère méridional et leur expression aromatique généreuse. « Même s’il est à sec une bonne partie de l’année, un petit cours d’eau traverse les vignes et en apporte un peu. Le fait de travailler sans chimie aide aussi, comme la présence du carignan, relativement acide, dans les assemblages. Mais le plus important reste de vendanger au bon moment ». De ramasser les raisins à maturité phénolique, avant que les degrés alcooliques ne grimpent. « Il faut être très précis. A même pas quelques jours près, on peut basculer dans du trop mûr qui risque bien de donner des vins lourds et trop puissants ».

Mas des colibris
Des vins élevés le plus naturellement possible, en levures indigènes, sans produits œnologiques, avec pour seul intrant des sulfites à dose homéopathique – © 180°C – Photographie Vincent Baldensperger

Au générique du domaine, un vin rosé, un blanc,” Le clair de lune”, médaillé d’argent au concours des vins de la Vallée de l’Hérault, et cinq rouges. Parmi ces derniers, Prima, une cuvée voulue sur le fruit, pour laquelle sont assemblés carignan en grappes entières et grenache ; Estela, à dominante de grenache, avec un peu plus d’épaule ; Roc, issu des plus vieilles vignes de carignan, plus intense, et L’Escapade, composée d’une majorité de syrah, complétée par du grenache et du carignan… On allait oublier One Shot. Comme son nom l’indique, elle n’a été mise en bouteille qu’une seule fois. La base ? Des pieds de carignan récoltés en surmaturité, et donc un doux vin rouge qui, une fois dans son flacon, garde quelques sucres résiduels non transformés en alcool.

Le projet de Sébastien pour 2022 ? La construction d’une nouvelle cave mieux adaptée pour la vinification des raisins de tout le domaine : jusque-là, il en livrait encore un peu à la coopérative puisqu’avec le rachat du vignoble, il avait aussi hérité du contrat de l’ancien propriétaire avec la coop. Sébastien poursuit son chemin, sans brûler les étapes mais avec beaucoup de constance. Il continue aussi de creuser le sillon de la biodynamie, dont il trouve qu’elle donne souvent naissance à des vins « vibrants »… Comme les siens !

Les héros de l'Hérault : Sébastien Galtier du Mas des Colibris, <br/>la quête du vibrant

 

Les héros de l'Hérault : Sébastien Galtier du Mas des Colibris, <br/>la quête du vibrant

Mas des Colibris
2600, chemin de Pélican
34150 Gignac
06 14 82 83 25
Concours des vins de la vallée de l’HéraultLes héros de l'Hérault : Sébastien Galtier du Mas des Colibris, <br/>la quête du vibrant

Ouvert aux 200 caves particulières et coopératives de 43 communes en vallée de l’Hérault, le concours récompense les vignerons locaux pour leurs meilleurs produits depuis plus de 30 ans.
Douze dénominations (AOP et IGP) sont présentes au sein du périmètre du concours et témoignent de l’exceptionnelle diversité de profils de vins disponibles.

 

Pour suivre toutes les actus du concours : 

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